Chômage après formation : un recrutement opaque qui plonge des docteurs dans la précarité
Alors que le Gabon tente de redorer l’image de son enseignement supérieur et de lutter contre le chômage par des moyens en sa possession, plusieurs manœuvres et pratiques sombres semblent tenter de freiner cet élan. Dans l’enseignement supérieur, plus de 200 jeunes docteurs se retrouvent encore relégués au banc du chômage, victimes d’un processus de recrutement qu’ils qualifient d’injuste et d’opaque. Ainsi, réunis au sein du Collectif des Docteurs lésés et mis au chômage par les institutions, ces universitaires dénoncent un système verrouillé, où la méritocratie semble avoir cédé la place à des pratiques discriminatoires. Et, malgré les tentatives de recherche de solutions par voie de recours officiels, avec à la clé six lettres adressées aux plus hautes instances de l’État, ils n’ont reçu que le silence comme réponse.
Le scandale trouve son origine dans une campagne de recrutement d’enseignants-chercheurs et de chercheurs annoncée en juillet 2024, censée répondre aux besoins réels des établissements publics d’enseignement supérieur. À l’époque, deux notes ministérielles, signées respectivement par le Secrétaire Général et l’ex-ministre Hervé Ndoume Essingone, semblaient poser les bases d’un processus transparent. Mais derrière l’annonce officielle, la réalité s’est avérée bien plus qu’une nébuleuse.
En effet, les commissions de recrutement instituées par un arrêté ministériel, daté du 4 novembre 2024, n’ont, à ce jour, toujours pas livré leurs conclusions.
Comment donc expliquer ce mutisme prolongé, alors même que des centaines de candidats qualifiés attendent une réponse décisive pour leur avenir professionnel? Le collectif dénonce un processus verrouillé, dans lequel les critères de sélection n’ont jamais été rendus publics, alimentant ainsi les soupçons de favoritisme et d’exclusion arbitraire.

Ce blocage administratif n’est pas sans conséquence. Il prive le pays de cerveaux formés et disponibles, à un moment où le système universitaire peine à se relever. Plus grave encore, il installe un climat de défiance et de doute entre ces jeunes chercheurs et les institutions censées les encadrer.
À l’heure où le Gabon ambitionne d’être un pôle régional d’excellence académique, le manque de transparence dans ce dossier jette une ombre inquiétante sur cette volonté affichée par le pays dans le couloir de l’excellence.
Face à cette impasse, le collectif en appelle directement à l’intervention du Président de la République, dernier recours institutionnel, pour mettre fin à ce qu’il considère comme une injustice criarde. Car, le mutisme persistant du ministère de tutelle laisse présager un profond malaise, voir un désintérêt manifeste pour les aspirations de cette jeunesse formée pour servir le pays dans la sphère de l’enseignement supérieur.
Une chose est sûre: sans un sursaut politique, la confiance dans les institutions académiques risque de s’effondrer durablement.