Violence faite aux femmes : le Collectif des Féministes du Gabon porte plainte contre l’artiste Eboloko
Le Collectif des Féministes du Gabon a déposé une plainte officielle contre l’artiste Eboloko auprès du Procureur de la République. En cause, un clip musical récemment diffusé, accusé d’avoir détourné la question des violences faites aux femmes à des fins promotionnelles. Selon le collectif, cette mise en scène aurait transformé une problématique grave en un outil de communication et de marketing, portant ainsi atteinte à la dignité des victimes.

Dans leur communiqué, les signataires, parmi lesquelles des militantes, des survivantes et des professionnelles, dénoncent une « fausse dénonciation de violences conjugales » utilisée comme stratégie de communication. Elles estiment que cette démarche viole la loi 006/2021 sur l’élimination des violences faites aux femmes, qui proscrit toute représentation banalisant ou dégradant la violence à leur encontre. « Dans un pays où 89,9 % des femmes déclarent avoir subi des violences, nous refusons que la souffrance devienne un spectacle », martèle le collectif, exigeant des excuses publiques et un programme de sensibilisation des artistes.
Cependant, cette affaire divise. Si plusieurs observateurs saluent la vigilance du collectif face à la banalisation des violences, d’autres estiment qu’une œuvre artistique, aussi provocatrice soit-elle, relève de la liberté d’expression. Certains y voient un excès de zèle militant susceptible de restreindre la créativité et le débat public. Reste à savoir si la justice donnera suite à la plainte et jusqu’où ira ce bras de fer entre expression artistique et responsabilité sociale.