Coopération sécuritaire : cinq vélos français pour la police gabonaise, entre soutien symbolique et attentes déçues
La coopération sécuritaire entre la France et le Gabon a connu un nouvel épisode avec la remise, par le Service de Sécurité Intérieure de Libreville, de cinq vélos tout terrain entièrement équipés à la Police Nationale. Présentée comme un appui destiné à renforcer la police de proximité, cette dotation s’inscrit dans la continuité des initiatives françaises en matière de sécurité urbaine. Officiellement, l’objectif est d’améliorer la mobilité des agents sur le terrain et de faciliter leur contact direct avec les populations.
Cependant, cette contribution soulève de nombreuses interrogations. Pour un pays confronté à des défis sécuritaires majeurs, criminalité urbaine, manque d’équipements de mobilité lourde, insuffisance d’infrastructures modernes, l’arrivée de cinq simples vélos apparaît comme un geste largement symbolique. Plusieurs observateurs estiment qu’un tel don, bien que toujours utile, reste très en deçà des besoins réels des forces gabonaises et reflète davantage une communication diplomatique qu’une réponse concrète à leurs difficultés opérationnelles.
Du côté de l’opinion publique, les réactions sont partagées. Certains y voient une initiative positive, encourageant une police plus proche des citoyens, moins motorisée et mieux ancrée dans les quartiers. D’autres y perçoivent une forme de décalage entre la rhétorique de coopération et l’ampleur des défis à résoudre. Dans un contexte où les forces de police manquent souvent de véhicules, de carburant, de technologies de surveillance ou de moyens logistiques essentiels, offrir quelques vélos interroge la pertinence stratégique de l’aide.
Cette situation met également en lumière la nécessité, pour le Gabon, de renforcer ses propres capacités d’investissement dans le secteur sécuritaire afin de réduire sa dépendance à l’assistance étrangère. Si la coopération internationale demeure un levier important, elle devrait s’accompagner d’initiatives nationales ambitieuses et adaptées aux réalités du terrain. Sans cela, les dons ponctuels même bien intentionnés risquent de demeurer anecdotiques face à l’ampleur des enjeux actuels.