Crise au sommet du PDG : une vague de démissions soulève des interrogations politiques majeures
Le Parti Démocratique Gabonais (PDG), longtemps pilier de la vie politique Gabonaise, traverse une tempête sans précédent. Ce vendredi 9 mai 2025, six figures politiques de poids ont officiellement claqué la porte du Parti. Il s’agit de Guy Patrick Obiang Ndong, ancien ministre de la Santé ; Charles Mve Ellah, doyen influent du Parlement, René Ndemezoo, stratège reconnu, Daniel Ona Ondo, ex-Premier ministre, Emmanuel Ondo Methogo, diplomate de carrière, et David Ella Mintsa, figure montante du Parti.
Ces départs simultanés ne sont pas anodins. Ils interviennent dans un contexte de redéfinition profonde du paysage politique gabonais, suite à l’adoption des nouvelles règles encadrant la création et la survie des partis politiques. Désormais, toute formation politique doit justifier d’une implantation effective dans au moins six provinces et respecter une stricte obligation de transparence financière et avoir au moins 18.000 adhérents. Un obstacle de taille pour les anciens partis hégémoniques, qui peinent à se réinventer après la chute du régime Bongo.
Mais au-delà de la contrainte juridique, une question brûle toutes les lèvres. Ces figures quittent-elles le PDG pour rejoindre le Mouvement des Bâtisseurs, nouveau creuset politique lancé par le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema ? Le calendrier alimente les soupçons. Depuis son lancement, le mouvement des Bâtisseurs attire d’anciens cadres du pouvoir, soucieux de rester proches du centre de gravité politique. Une forme de « recyclage politique », dénoncent certains observateurs.
D’autres, plus critiques encore, estiment que ces démissions traduisent une manœuvre purement opportuniste, motivée non par des convictions idéologiques, mais par l’appât de futures nominations. « Ils sentent le vent tourner et espèrent rester dans les petits papiers du nouveau pouvoir », glisse un analyste politique. Veulent-ils faire comme Alain Claude Bilie-By-Nze, l’un des premiers à avoir quitté le navire PDG dès 2023, dans un geste salué à l’époque comme courageux et précurseur.
Ainsi, la multiplication des départs semble en effet donner raison à Bilie-By-Nze, qui dénonçait déjà « l’inaction politique, le refus de remise en question et la sclérose idéologique » du PDG. Aujourd’hui, ceux qui le critiquaient alors paraissent suivre la même voie, bien que tardivement.
Le PDG, ex-Parti au pouvoir, paie-t-il le prix de décennies d’hégémonie sans réforme ? Ou assiste-t-on à un simple jeu de chaises musicales, déguisé en rupture politique ? Le flou reste entier. Une chose est sûre, le paysage politique Gabonais n’a pas fini de se recomposer, et les semaines à venir pourraient voir s’amplifier cette hémorragie au sein des anciennes élites.