Musique : quand L’Oiseau Rare feint de cracher dans la soupe et de renier ses racines sur les plateaux étrangers
Dans un geste pourtant hautement symbolique, le chanteur L’Oiseau Rare a reçu la nationalité gabonaise le 21 décembre 2024, lors de son tout premier concert au Palais des Sports de Libreville. Mais il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que ce geste d’intégration tourne au désaveu. En déplacement en Côte d’Ivoire, l’artiste s’est illustré dans une émission en tenant des propos particulièrement virulents à l’encontre de plusieurs figures de la scène musicale gabonaise. Une attitude qui interroge autant qu’elle indigne, même si de l’autre côté, d’aucuns pensent que le discours de L’Oiseau Rare serait une forme de légitime défense, et donc, peut être compris.
Au cœur de cette polémique d’attaques frontales, l’artiste M.O.R, notamment, a été la cible d’une diatribe violente.
«Tu as dit que tu vas violer ma mère. Si moi je t’attrape au Gabon, je vais te bastonner. Tu es un boa, et ton rap ne va t’amener nulle part», des mots crus de L’oiseau Rare, balancés sans filtre, en public, et à l’étranger. Une scène consternante qui laisse entrevoir un profond malaise, et peut-être une confusion entre vengeance personnelle et image publique, tout en divisant le public, entre ceux qui s’y indigent et ceux qui pensent que L’Oiseau aurait raison de s’exprimer en ces termes, car il s’agissait de défense sa mère.

Cependant, L’Oiseau Rare ne s’est pas arrêté là. Mox Dady, un autre artiste gabonais, a également été humilié en direct. «C’est un gars, quand j’ai commencé à chanter, je remixais ses sons. Mais il est trop bête», a déclaré L’oiseau Rare, et la liste s’allonge. Daryl le Californien et d’autres compatriotes n’ont pas échappé aux propos déplacés. Plutôt qu’un différend artistique, c’est un règlement de comptes qui s’est joué sous les projecteurs, avec un mépris affiché pour ceux qui partagent ses racines.
Le plus troublant reste le contexte.
Comment comprendre qu’un artiste récemment naturalisé choisisse de dénigrer publiquement ses pairs gabonais, alors même que son ascension s’est faite grâce au soutien du public de Libreville? La scène ivoirienne ne serait-elle pas l’occasion de valoriser la richesse de la musique gabonaise plutôt que de l’attaquer ?
Si le linge sale se lave en famille, dit-on, L’Oiseau Rare semble avoir choisi le chemin inverse, laissant derrière lui l’image d’un artiste en mal de reconnaissance ou de repères. Qu’à cela ne tienne, il pourrait bien s’agir là , du “Game des stars.”