Fonction publique : la rigueur face aux réseaux sociaux, une mesure sans limite?

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Le dernier Conseil des ministres a tiré la sonnette d’alarme sur les comportements jugés inappropriés de certains agents publics sur les réseaux sociaux. Le Gouvernement a rappelé à l’ordre les fonctionnaires, en particulier les cadres supérieurs, sur le respect de l’obligation de réserve, de neutralité et de discrétion professionnelle. Désormais, tout manquement sera sévèrement sanctionné, jusqu’à la révocation si nécessaire. Une décision qui traduit la volonté des autorités de restaurer l’intégrité et la crédibilité de l’administration publique.

Cependant, cette rigueur interroge, surtout dans un contexte gabonais marqué par une crise de confiance entre citoyens et institutions. Alors que certains médias traditionnels se limitent souvent à la communication officielle et au culte de la personnalité, les réseaux sociaux apparaissent comme un espace alternatif d’expression, notamment pour certains agents publics qui y trouvent un exutoire. Comment donc s’en étonner, lors que des fonctionnaires, parfois marginalisés ou ignorés dans les circuits administratif et institutionnel, choisissent d’utiliser ces plateformes pour partager leurs frustrations ou dénoncer des dysfonctionnements? 

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Appliquer cette mesure telle qu’annoncée, sans précisons des limites, semblerait un peu oppressif. Car en réalité, la frontière entre le droit à l’expression libre et les manquements déontologiques demeure floue.

Ainsi donc, pour être crédible et applicable, cette mesure gagnerait à être mieux précisée. Sinon, que penser, par exemple, du cas des enseignants qui donnent des cours en ligne, des médecins qui partagent des conseils de santé sur Facebook, ou encore des agents de terrain qui valorisent leurs missions via TikTok? S’agit-il de fautes disciplinaires ou d’un usage moderne des outils numériques?

En condamnant sans nuances, le risque est grand de confondre dérives réelles et initiatives utiles, et d’étouffer une parole qui, parfois, éclaire sur les réalités que l’administration préfère taire.

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