Éducation nationale : une audition parlementaire qui questionne la réforme de la formation des enseignants
Le vendredi 25 avril dernier, la Commission des Lois, des Affaires Administratives et des Droits de l’Homme a auditionné la ministre de l’Éducation nationale, Madame Carmelia Ntoutoume Leclercq, dans le cadre de l’examen de trois projets de lois de ratification pour des ordonnances présidentielles adoptées en février dernier. Ceci vise la création de trois nouveaux instituts censés restructurer et reformer la formation des enseignants au Gabon.
Derrière des intitulés techniques et des dates alignées comme à la parade, les ordonnances n°0012, 0013 et 0014/PR/MENIC du 23 février 2025, se cache une réforme d’envergure, annoncée comme la pierre angulaire d’un renouveau éducatif. Mais à l’écoute des débats, une question persiste: réforme pour qui, et pour quoi faire?
Notons que cet ensemble de textes vise à officialiser la création de l’Institut de la Formation à l’Enseignement Technique et Professionnel, de l’Institut des Professeurs d’École, et de l’Institut de Formation aux Métiers de l’Éducation. Un triptyque institutionnel aux ambitions affichées, mais aux contours encore flous.
Malgré une présentation maîtrisée par la ministre auditionnée, Madame Carmelia Ntoutoume Leclercq, les députés, tout en restant dans la courtoisie parlementaire, ont soulevé plusieurs points d’ombre, les moyens alloués à ces nouvelles structures, leur articulation avec les établissements déjà existants, ou encore les critères de sélection du personnel d’encadrement. Autant d’interrogations qui, pour l’instant, semblent n’avoir reçu que des réponses évasives, voire purement protocolaires.

Cependant, derrière le discours institutionnel, certains observateurs dénoncent un passage en force du gouvernement, utilisant les ordonnances comme levier pour imposer des choix structurels sans véritable débat public, ni consultation des acteurs de terrain. “On change l’emballage sans toucher au fond”, murmure un député, visiblement pas d’accord avec le projet, sous couvert d’anonymat.
Alors que l’école gabonaise fait face à une crise de vocation et à une manque criard et chronique d’enseignants qualifiés, cette réforme réussira-t-elle à impulser la dynamique attendue, ou restera-t-elle un écran de fumée supplémentaire?
Dans tous les cas, la Commission rendra son rapport dans les tous prochains jours, quand bien même le scepticisme semble déjà gagner du terrain.
Loin d’être une simple formalité administrative, cette audition révèle une chose: la refondation du système éducatif ne se décrète pas, elle se construit. Encore faut-il le faire avec transparence, cohérence, et surtout, avec les principaux acteurs concernés.