Procès Sylvia et Noureddin Bongo : justice rendue ou mascarade judiciaire ?
Le verdict est tombé ! 20 ans de réclusion criminelle et plus de 2 200 milliards de francs CFA d’amendes et de dommages et intérêts. Un chiffre vertigineux, digne d’un scandale d’État. Mais dans cette affaire qui secoue le Gabon depuis plusieurs mois, un détail majeur interpelle : les principaux accusés, Sylvia et Noureddin Bongo, étaient absents du tribunal, installés à Londres et refusant de reconnaître la légitimité du procès.
L’audience s’est déroulée dans un climat particulier. Ni les prévenus ni leurs avocats n’ont répondu à la convocation. « Les conditions d’un procès juste et équitable ne sont toujours pas réunies », a fait savoir Noureddin Bongo, fils de l’ancien président Ali Bongo, dans un entretien accordé à l’AFP.
Malgré cette absence, la cour criminelle spéciale a rendu un verdict sévère. Dont, 20 ans de réclusion criminelle, 100 millions de francs CFA d’amende, 1 201 milliards de francs CFA à verser à l’État pour préjudice financier, et 1 000 milliards de francs CFA pour préjudice moral, à payer conjointement par Sylvia et Noureddin Bongo.
Ce verdict spectaculaire pose une question fondamentale. Notamment, comment faire exécuter une telle décision contre des personnes qui ne reconnaissent pas la juridiction du tribunal ?
En l’absence des condamnés, aucune saisie immédiate n’est envisageable sans coopération judiciaire internationale, une procédure longue et incertaine. Dès lors, ces montants colossaux pourraient bien rester symboliques, voire inaccessibles.
Cependant, pour certains observateurs, ce procès ressemblerait davantage à une opération politique visant à tourner la page de l’ère Bongo qu’à une véritable démarche judiciaire. Pour d’autres, il s’agit d’un signal fort envoyé à une opinion publique lassée des scandales financiers et de l’impunité.
Mais au-delà des symboles, une autre question s’impose. l’État a-t-il dépensé inutilement de l’argent pour organiser un procès dont les résultats risquent de rester théoriques ?
Entre les frais judiciaires, les dispositifs de sécurité et la mobilisation de la machine administrative, ce procès a représenté un coût non négligeable pour le contribuable gabonais. Si les condamnés restent à l’étranger et refusent de coopérer, l’État pourrait bien se retrouver sans recouvrement effectif des sommes annoncées.
Toutefois, ce verdict soulève une question simple mais essentielle. A quoi sert un procès si ceux qu’il juge refusent d’y participer et que ses décisions restent sans effet concret ?
Le dossier Bongo, entre justice, politique et symbole, restera sans doute longtemps comme l’un des procès les plus controversés de l’histoire récente du Gabon.