Législatives : quand le peuple redonne souffle aux anciens barons du PDG
La proclamation des résultats du premier tour des législatives a laissé un goût amer dans une partie de l’opinion. Alors que la « libération » du 30 août 2023 avait été saluée comme une rupture nette avec les pratiques de l’ancien Parti Démocratique Gabonais (PDG), les urnes viennent de rappeler une réalité dérangeante, les mêmes figures, ex-baron(ne)s et cadres reconvertis du PDG, ont été plébiscitées par le peuple. Un paradoxe d’autant plus criant que ce même peuple reprochait récemment au Président de la Transition de s’entourer de ces personnalités.
Face à eux, la « Majorité Bloquante », composée de candidats issus de la société civile et reconnus pour leur engagement, n’aura vu que quatre de ses dix-neuf représentants accéder au second tour et certains d’autres indépendants. Un revers qui traduit non seulement un rejet inattendu des candidatures citoyennes, mais aussi une perte d’opportunité de renouveler la classe politique. Le cas de figures emblématiques comme Lionel Ella Engonga ou Marcel Libama, longtemps célébrés pour leur courage et leur rôle dans les luttes civiques, illustre cruellement cette contradiction. Ovationnés hier, mais rejetés dans les urnes aujourd’hui.
Ce choix interpelle et appelle à une réflexion profonde. Le peuple, en redonnant légitimité à ceux dont il dénonçait l’omniprésence, semble fragiliser la dynamique de changement née du 30 août. Les derniers bastions de la société civile, désormais représentés par quatre candidats rescapés, devront affronter au second tour des adversaires encore marqués par leur héritage PDGiste. L’enjeu est clair, maintenir vivante une alternative citoyenne dans une Assemblée qui risque, une fois de plus, de tourner le dos aux aspirations de renouveau.