Tensions Gabon–Bénin : quand l’inaction politique alimente la colère populaire
Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’enflamment d’attaques et de contre-attaques entre internautes gabonais et béninois. Une escalade verbale qui a fini par déborder dans la rue, où certaines vidéos montrent des compatriotes s’en prendre directement à des commerçants béninois installés au Gabon. Une dérive inquiétante, car si la colère populaire est compréhensible, elle ne saurait justifier que des citoyens s’improvisent justiciers en sommant des commerçants de plier bagage.

Le silence du Gouvernement gabonais face aux insultes proférées par des blogueurs béninois contre la plus haute autorité du pays nourrit ce malaise grandissant. Dans un État de droit, il revient aux autorités, et non à la rue, de défendre l’honneur national et de gérer les tensions diplomatiques. Les citoyens disposent de moyens légaux d’expression telques, pétitions, courriers, interpellations lors des campagnes politiques pour exiger une réaction ferme et responsable. Le laisser-faire observé jusqu’ici risque d’ouvrir la voie à des dérapages plus graves.
Il est donc urgent que le ministère de l’Intérieur et celui des Affaires étrangères sortent de leur mutisme et engagent un dialogue clair, à la fois avec les autorités béninoises et avec les citoyens gabonais. L’absence de position officielle ne fait qu’exacerber la frustration et légitimer les comportements dangereux que l’on commence à voir apparaître. Préserver la sérénité nationale passe par un rappel fort. La justice ne doit pas être rendue par la rue, mais par l’État.